La fille

 

 


Portugal - Suède - 2003 - 90 min. -
Réalisation :    Solveig Nordlund
Scénario:
   Solveig Nordlund
Avec :
   Nuno Melo, Joana Bárcia, Margarida Marinho, Cecilia Guimaraes.
De la même réalisatrice :
   Neither Fish Nor Fowl (1977), Dina & Django (1980), Journey to Orion (1986), See You Tomorrow, Mario (1992), Spellbound (1994), Meeting Mai (1995), Comédia Infantil (1997), A Voice in the Night (1998), The Ticket Inspector (1999), Low-Flying Aircraft (2001).
 
 

Synopsis

     Ricardo Monteiro, 45 ans, est un brillant producteur de reality shows à la télévision. Le jour où il reçoit le prix de la meilleure émission de l'année, sa fille Leonor, 18 ans, lui envoie un ulimatum: il doit se présenter à sa fête d'anniversaire, faute de quoi il ne la reverra plus. Pris dans son travail et dans d'autres engagements, Ricardo rate le dernier avion. Le lendemain, lorsqu'il arrive chez lui, l'appartement est vide et sa fille est partie. Au début, il pense qu'il ne s'agit là que d'une mauvaise plaisanterie, mais comme personne n'a laissé de message sur le répondeur et qu'il ne reçoit aucun appel, il s'inquiète et commence à la chercher. Il découvre que Leonor a quitté l'école sans l'avoir averti et qu'elle a perdu contact avec tous ses amis. Elle est devenue une parfaite étrangère. Sara, qui a l'âge de Leonor, se met en contact avec Ricardo, lui dit être une des amies de Sara et se propose de l'aider à la retrouver. Ricardo est plein de gratitude et tous deux se mettent à la recherche de la disparue. Ils s'infiltrent dans les boîtes de nuit et dans les bars de la ville, endroits que Ricardo n'aurait jamais soupconné sa fille de fréquenter. Petit à petit, l'image qu'il se fait de Leonor ressemble de plus en plus à Sara. À tel point que Sara, vivement intéressée à obtenir un poste d'animatrice dans un des shows de Ricardo, entre facilement dans le jeu. Mais est-ce bien un jeu? Car dans la tête de Ricardo, Sara est devenue Leonor. ...
 

Analyse-critique

     D'entré de jeu le film A Filha de la réalisatrice Solveig Nordland saisit par son autopsie psychologique des personnages. Dans A Filha, Nordland soumet le spectateur à une véritable épreuve psychique, au même titre qu'Holy Smoke de Jane Campion. Mais le parallélisme s'arrête là ! Car à l'endroit ou Jane Campion freine dans sa recherche des personnages, Solveig Nordland analyse de plus près et rend ses protagonistes jusqu'aux bouts de leurs délires.

    Le fait de lui octroyer le rôle de producteur de "reality show" ne constitue pas un hasard, bien au contraire, il apporte une double signification à l'interprétation filmique. Au sens propre, le "reality show" dans lequel Ricardo investie de l'argent représente au sens figuré tout la "réalité spectaculaire" qui l'attend à partir de la deuxième moitié du film.

     Nordland conduit lentement son personnage de Ricardo vers les méandres de la folie. Plus il cherche sa fille, plus il s'attend de la trouver. Il se conditionne comme si,  son
"s
ur-moi"  acceptait cette Leonor comme sa fille (sa Sara) légitime et transmettait au "moi" des informations en ce sens.

     En conséquence, Leonor sert de guide mais à la fois de déclencheur dans cette psychose qu'elle met en œuvre sans connaître la portée véritable. Le seul motif qui la stimule, l'alimente, l'incite à transcender les règles : Le vedettariat.

     L'affiche officielle du film représente un photogramme extrait de la séquence essentielle, la pierre angulaire du récit filmique. Ricardo débute dès lors son délire psychotique. Ce passage important correspond à s'y méprendre à cet séquence du film de Wim Wenders Paris Texas. Le spectateur se souvient, sans aucun doute de cet homme amnésique à la recherche de la mère de son enfant et qui la découvre dans cet endroit, cette sorte d'aquarium ou elle exécute les petits caprices de ses clients. Par leurs correspondances, ses plans troublent et interpellent le cinéphile. Quelques variantes s'y dénotent certes, mais dans la représentation iconique la similitude saisit.

     Alors le jeu et du vrai et du faux s'installe, s'élabore, se construit et se façonne avec intelligence et perspicacité. La caméra s'injecte à travers le tissu narratif pour ainsi capter les divagations de Ricardo. Tout au long du récit, le spectateur se voit entraîné dans cette aventure dès plus singulière.

     En substance, A Filha de la réalisatrice Solveig Nordland se classe parmi les drames psychologiques les plus saisissant. À la manière de Claude Sautet, elle accorde aux personnages principaux une seconde dimension quasi ésotérique qui interpelle le cinéphile jusqu'au delà de la projection. Voilà l'intérêt ! Voilà la réussite !



   


Avec l'aimable collaboration du Festival International du Film de Québec.



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