Un matin de très bonne heure, Catherine reçoit un coup de fil d’un homme mystérieux, un certain Kirsh. Elle l’avait oublié, mais ce dernier était, plusieurs années auparavant, une de ses connaissances. A cause de cette sonnerie de téléphone, Catherine se dispute avec son mari Raphaël, qu’elle accuse d’être un esclave au bureau. Remonté, il part retrouver son patron pour lui annoncer qu’il est décidé à démissionner. Pendant ce temps-là, Kirsh envoie un bouquet de fleurs à Catherine pour se faire pardonner. Mais cette dernière n’étant pas chez elle, le bouquet est livré chez ses voisins, qui vont se mêler de ce qui ne les regarde pas et ainsi semer la zizanie.
 

      Ce qu'il y a de "jouissif" dans c'est le bouquet de Jeanne Labrune, c'est son état d'esprit, sa manière d'aborder le cinéma comme un médium ludique ou les comédiens semblent prendre un vilain plaisir à se mettre en bouche des dialogues à la fois révélateur de sens, intelligents et teintés d'un humour cérébral. La spontanéité des personnages mais surtout le jeu décontracté des protagonistes décrit l'ambiance que ce film dégage.

     Il suffit d'évoquer la présence réjouissante de Jean-Claude Brialy dans un rôle quasi auto-fictionnel. Sans oublier cette scène dans laquelle Dominique Besnehard prend un bain la tête ensevelit sous la mousse et qui, soudainement, la sort à l'extérieur pour répondre au téléphone. Ce véritable régal cinématographique réjouit le cinéphile. Il y a dans cette séquence et dans plusieurs autres un clin d'œil, une réminiscence au cinéma des premiers temps.

     Imprégné du passé par ces multiples références, le film de Jeanne Labrune demeure également un récit encré dans le réel et le quotidien de la majorité des spectateurs. C'est pour cette raison que l'histoire racontée fonctionne et se démarque.

     En un mot, à partir de rien, un coup de téléphone, une anecdote la diégèse s'enclenche. L'histoire démarre. Le récit s'ouvre sur une aventure délirante, une cascade de quiproquos, un délire langagier qui sert le spectateur dans son plaisir intrinsèque à regarder défiler devant lui des images en mouvement et des répliques exquises. Pour cette raison, le film de Jeanne Labrune: C'est le bouquet !