Cinéma ou vidéo?
Là est la question. 

 

   Lars von Trier présente depuis quelques semaines son plus récent "film" Dancer In The Dark. Mais devons-nous parler de "film" quand le support utilisé pour la conception de cette oeuvre n’est pas de la pellicule mais plutôt de la vidéo numérisée? Il est vrai que Dancer In The Dark est projeté sur une surface écranique et ce qui défile sous les yeux du spectateur provient de la pellicule.Mais cette pellicule est le résultat de ce transfert numérique. De là l'ambiguïté des termes entre vidéo et film.  Cette question demeure ouverte et fut énoncée lors du Festival international du nouveau cinéma/nouveau média qui se déroulait à Montréal le mois dernier. Plusieurs techniciens s’inquiètent de l’avenir que leur réserve ce nouveau procédé de tournage qui somme toute, demande très peu d’artisans et donne a priori le même résultat iconique et sonore. À voir l'aboutissement du film de Lars von Trier, l'effet est saisissant. Comme le soulignait Jacques Fansten, président directeur général de la collection en cinéma numérique "Petites caméras" dans le cadre du festival international de nouveau cinéma/nouveau média: "Méfions-nous des maladies qu’on prête au cinéma.   Depuis toujours on entend: C’est la crise! ou C’est la révolution !   Ça y est : Tout va changer !" Mais pourtant, le septième art, cette infrastructure illusoire, cette grande machine à voyager dans une seconde zone, celle de l’imaginaire, règne plus que jamais. Le cinéma fait partie des moeurs, voire même de l’inconscient collectif.

   Par contre, quel est l’avenir de la vidéo numérisée? Il est trop tôt pour se prononcer. Mais les enjeux semblent intéressants. Un minimum de coût de production pour un maximum de revenus d’exploitation.   Les perdants, semblent croire certains, sont les techniciens mais il en est rien !    Comme toute nouvelle technologie, il faut faire appel à des spécialistes.  Et ces spécialistes ne peuvent-ils pas immerger du milieu du cinéma ? Recycler certains machinistes du cinéma dans la vidéo, voilà peut-être une alternative intéressante? 

   Puis pour les techniciens nostalgiques il restera toujours le cinéma !   Avec ces photogrammes, ces bandes de pellicules passantes, ces salles de montages analogiques, ces perchistes capteurs d'émotions, ces éclairagistes soucieux d'esthétisme et ces petites familles formées pour le temps d'un tournage. Grâce à ceux et celles fidèles à l'aventure des frères Lumière le cinéma continuera d'éblouir les surfaces écraniques des dernières véritables salles de projections cinématographiques.     


Raynald Gagné
Fondateur de Cinémedi@film




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