La turbulence des fluides
Synopsis
Sismologue à Tokyo, Alice est envoyée dans une petite
ville de la rive nord du Saint-Laurent, au Québec, pour y étudier un étrange phénomène:
la marée s'est arrêtée. Les Japonais redoutent un séisme mondial important et pour eux,
le fait que cette ville, Baie-Comeau, soit le lieu de naissance d'Alice, est un signe du
destin. Alice a de la peine à renouer avec sa ville natale qui ne lui rappelle que de
pénibles souvenirs d'enfance comme la séparation de ses parents. De plus, l'endroit est
insupportable d'humidité et des choses bizarres semblent s'y dérouler. Alice trouve que
les gens ont des comportements loufoques, une petite Chinoise est somnambule toutes les
nuits et le numéro de téléphone de Marc Vandal, séduisant pilote d'avion-citerne qui l'a
invitée à l'appeler, est bizarrement introuvable dans le bottin local. En compagnie de son
amie Catherine, la journaliste, Alice va se mettre à sonder l'insondable, s'y jetant corps
et âme, au risque de s'y perdre. Elle est bien déterminée à ne pas se réconcilier avec ses
origines, mais contrôle-t-on jamais ses propres volontés quand elles sont réglées par tous
ces fluides instables que sont les larmes, les sueurs et les hormones complexes du désir?
Analyse-critique
Loin du chaos que tente d'évoquer la
réalisatrice Manon Briand la turbulence des fluides se développe péniblement.
Entre la trame fictionnelle qui tarde à se révéler et la marée de la petite baie du nord
de Québec qui refuse, elle aussi, de se déployer se dissimule un malaise d'énonciation.
Bien sûr on y retrouve un environnement glauque, un récit étrange
et des personnages secondaires kafkaïens mais l'ensemble de ces composantes ne fonctionnent
pas. Le film se veut teinter d'humour pourtant il tombe à plat. Il faut attendre les trente
dernières minutes du récit afin de voir surgir à la fois l'émotions et la marée comme si, l'eau
donne une poussée à la diégèse, un second souffle, une dernière chance pour sauver le film
d'un éventuel marasme qui heureusement n'arrive pas.
Le meilleur dans La turbulence des fluides repose essentiellement
sur la fin du récit. Dès l'instant ou le corps de la femme de Vandal
(Jean-Nicolas Verreault) est découvert, la narration et la monstration verse dans l'émotion
et le chavirement intérieur. Tout au long de l'histoire racontée, Pascale Bussière et
Jean-Nicolas Verreault subliment l'œuvre de Manon Briand, ils la transcendent pour la rendre
supportable voire même intéressante.
La turbulence des fluides est un film raté certes,
mais il faut quand même féliciter Manon Briand pour la dernière partie de son interminable
récit et surtout pour la présence magistrale de Pascale Bussière et Jean-Nicolas Verreault
qui, à eux seules, sauvent la mise et crève l'écran.
Avec l'aimable collaboration du Festival International du Film de Québec.
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