Le chant de la Noria
Synopsis
Zeineb, une Tunisienne de 30 ans, obtient enfin le divorce
d'un mariage forcé, mais les hommes de main de son ex-mari sont déjà à sa recherche. Elle
croise par hasard son amour d'enfance M'Hamed et cette rencontre leur fait l'effet d'un
électrochoc. M'Hamed n'a pas obtenu la bourse qui lui aurait permis de terminer ses études
d'histoire en France et il est maintenant contraint de devenir instituteur dans un coin
perdu du pays. Zeineb, se sentant toujours suivie, disparaît subitement dans la foule anonyme.
M'Hamed fait pour sa part la connaissance d'Ali, sorte de vieux garçon maniaque qui s'était
pour un temps enfui en Amérique à cause de ses antécédents politiques. Il a l'allure d'un
gangster de pacotille avec sa grosse Buick décapotable et les quelques dollars qui lui restent
en poche. De retour chez lui, M'Hamed trouve Zeineb qui l'attend dans le hall de l'immeuble.
Tous les trois partent sur la route avec chacun des buts différents: M'Hamed va essayer de
gagner un peu d'argent du côté de Kairouan, comme le lui a promis son ami Mekki qui travaille
là-bas sur un film américain, Ali doit revoir sa soeur Zohra, et Zeineb a décidé de les
accompagner, presque sans réfléchir, comme on se jette dans le vide, les yeux fermés...
Analyse-critique
Se dissociant du conservatisme et des stéréotypes
véhiculés par les multiples sources médiatiques, Le chant de la Noria témoigne d'une
réalité tunisienne riche où les repères intellectuels ruissellent de toute part.
Abdellatif Ben Ammar, le réalisateur, présente une Tunisie urbanisée, civilisée, alphabétisée
et cultivée dans laquelle trois personnages déambulent, se croisent et se juxtaposent dans
un " road movie " remarquable. La force majeure du film, repose en très grande partie sur
le scénario où les protagonistes aux caractères subtilement étudiés se révèlent lentement
tout au long de l'histoire racontée.
Sans passer sous silence la mise en scène intelligente,
spontanés et habillement mené. Elle transcende et sublime les personnages dans un cadre
sobre, beau, léger et vaporeux.
Les coïncidences demeurent constantes dans cet œuvre d'Ammar.
Les gens se rencontrent, se parlent et quelques fois s'affrontent dans une sincérité
déconcertante. Ils laissent émaner une parcelle de vérité, leurs vérités. C'est dans
cette quête et cette recherche que l'émotion se révèle.
Dans ce long métrage, la musique, cette source sonore,
structuré par Jacques Davidovici, Samir Chichti et Abdellatif Ben Ammar se refuse, elle
aussi, au traditionalisme. Elle occupe plutôt la place d'un instrument qui se rapproche
des idéologies, de l'esthétisme, de la psychologie, des sentiments et de la thématique du film.
Le chant de la Noria du cinéaste Abdellatif Ben Ammar reste
sans contredit un récit intense et puissant qui donne au spectateur un angle particulier
de la Tunisie. Le réalisateur montre et démontre par son talent la grâce, l'élégance,
la finesse et l'intensité des personnages qui, même après le film, interpelleront le spectateur.
Delà réside la puissance et la force de cet œuvre universel.
Avec l'aimable collaboration du Festival International du Film de Québec.
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