Sicile, 1782. L'ambassadeur du Maroc est forcé de s'arrêter à Palerme car une tempête fait rage. La seule personne qui peut l'aider comme interprète est Vella, un moine franciscain qui connaît l'arabe. Vella profite de l'occasion pour se bâtir une réputation en inventant un nouveau texte manuscrit arabe, le Conseil d'Égypte, qui est censé stipuler que certains privilèges féodaux sont abolis. Les nobles de la ville s'inquiètent à l'idée que leurs anciennes immunités risquent de ne plus être respectées. Craint, soupçonné, mais également flatté, l'abbé Vella devient le convive le plus réputé de la ville. Pendant ce temps, des gens se battent pour la république et la liberté. Mais grâce à une enquête de la police, l'imposteur est démasqué, de même qu'un complot révolutionnaire dirigé par un avocat nommé Di Blasi, influencé par les théories illuministes qui sévissaient à l'époque. C'est ainsi que l'aventure de Vella se confond aux yeux de tous à la conspiration illuminée de Di Blasi et leurs deux destinées se trouvent implacablement liées.
 

     Cette coproduction italio.franco.hongroise tirée d'une nouvelle de Leonardo Sciascia se déploie au milieu d'un esthétisme classique. La mise en cadre normative devient, au fil du récit, lassante et sans intérêt. Le jeu impressionnant de Silvio Orlando demeure un des facteurs importants qui sauve le film d'un éventuel marasme. Sans oublier la présence soutenue de Tommaso Ragno, Renato Carpentieri et Marime Delterme. Les décors somptueux accentuent la crédibilité de l'histoire racontée et enjolive l'austérité de la mise en scène. Le scénario complexe ne parvient pas à dépouiller clairement l'œuvre littéraire. Les paramètres de l'écrit se heurtent aux codes narratifs du récit filmique. Delà découle l'ambiguïté du scénario d'Emidio Greco.

     En dépit de ce développement mal exploité, Le conseil d'Égypte mérite le détour pour l'effervescence des comédiens spécialement Silvio Orlando et également pour observer la rectitude politique qui sévissait à l'époque.