Ma femme est une actrice

 

 


Français - 2001 - 93 min. -
Réalisation :    Yvan Attal
Scénario:
   Yvan Attal
Avec :
   Charlotte Gainsbourg, Yvan Attal, Terence Stamp, Noémie Lvovski, Ludivine Sagnier.
Du même réalisateur :
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Synopsis

     Yvan est journaliste sportif. Le hasard a fait que ce "beauf" tombe amoureux de Charlotte, star de cinéma, et réciproquement. Mais quand on ne connait pas les codes d'un milieu exposé aux yeux de tous, on devient presque jaloux sur n'importe quel malentendu. Après tout Charlotte fait bander tous les mêles qui la voient au cinéma. Charlotte embrasse des inconnus, des acteurs en l'occurrence, ou fait des scènes de nus, a priori simulées. Dur à vivre pour un mec aussi basique qu'Yvan. Ca dérape d'ailleurs quand Charlotte s'en va tourner à Londres, aux côtés d'une autre star, british, John. La jalousie d'Yvan se décuple.
 

Analyse-critique

      "La secte du septième art" comme se plaît à dire Yvan Attal se fait ausculter dans cette comédie romantique réalisée et actée par ce dernier. Il examine avec humour les rouages cinématographiques en utilisant la thématique de la jalousie. Pour confondre et fondre le spectateur, Attal exploite un style cinématographique appelé "cinéma vérité". Cette façon de faire élaborée par le cinéaste russe Dziga Vertov en 1919, donne l'impression au récepteur d'assister, tel un voyeur, au récit proposé par l'auteur. Pour y parvenir complètement, Yvan Attal omet d'utiliser la caméra à l'épaule afin de donner à son premier film plus de justesse et de rigueur. De cette façon le spectateur se serait infiltré davantage dans le récit.

     Toutefois, l'idée du réalisateur s'avère quand même intéressante, savoureuse voire même enivrante. Car ma femme est une actrice repose essentiellement sur la frontière de la vérité et du mensonge. Par ce jeu subtil du vrai et du faux le spectateur ludique évalue avec un plaisir non dissimulé les paramètres entre la fiction proposée par le réalisateur et la réalité vécue par le couple Attal et Gainsbourg.

      La photographie de Rémy Chevrin parvient à susciter un environnement cohérent. Les scènes de nuits, d'une approche esthétique extrêmement soignée, ajoute une justesse à l'iconicité et apporte à l'image sa spécificité et son autonomie. La musique juxtaposée aux autres éléments cinématographiques apporte une fonction psychologique d'une grande importance, créant un des chocs affectifs exaltant l'émotivité. "Nous ne venons pas au cinéma pour entendre de la musique. Nous demandons à celle-ci d'approfondir en nous une impression visuelle. Nous ne lui demandons pas de nous "expliquer" les images, mais de leur ajouter une résonance de nature spécifiquement dissemblance." (Maurice Joubert, La musique de film, page 49.)

     Une deuxième thématique se trouve disséqué par Yvan Attal, un micro circuit, une interrogation : Celle de la nudité. Par l'intermédiaire de son héroïne, Charlotte Gainsbourg, l'auteur amène son point de vu. Il se questionne sur la nécessité d'exhiber, dans certaines scènes, le corps dénudés des actrices, son actrice, sa femme. Le passage le plus éloquent reste sans aucun doute celui où Yvan, l'acteur principal, se retrouve dans une salle de cinéma. Entouré de cinéphiles il regarde, tout comme eux, le dernier film de son épouse. Pendant une séquence torride où Charlotte simule un orgasme avec un autre protagoniste, Yvan, intimidé par le fait que tant de personne assiste avec lui à cette scène intime examine la réaction des spectateurs. Embarrassé, il s'enfonce dans son banc. La gène s'empare de lui. Autant de monstration de la part de son épouse le perturbe. Il tente de décortiquer le vrai du faux. Delà s'instaure ce double diégétique, ce processus entre l'histoire regardé par Yvan, la Charlotte diégétique et Gainsbourg, la Charlotte Gainsbourg actant le personnage, le double, l'inconscient fictionnel. Cette scène démontre la subtilité du récit et surtout la réflexion que le réalisateur apporte à sa motivation thématique.

     Et finalement, peut-être que ma femme est une actrice vise en bout de piste à exorciser le trouble, le vertige de l'acteur face à la barrière quelques fois mince qui sépare le vrai du faux et la fiction du réel. Avec les dialogues inspirés et inspirant d'Yvan Attal, la musique envoûtante de Brad Mehlaud et le montage créatif de Jennifer Augé qui provoque l'émotion, cette effet à la fois drôle et tragique du récit, le premier long métrage de ce comédien devenu réalisateur apporte une multitude de question sur cette fabuleuse machine de l'imaginaire qu'est cinéma.



   




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