Ma femme est une actrice
Synopsis
Yvan est journaliste sportif. Le hasard a fait que
ce "beauf" tombe amoureux de Charlotte, star de cinéma, et réciproquement. Mais quand
on ne connait pas les codes d'un milieu exposé aux yeux de tous, on devient presque
jaloux sur n'importe quel malentendu. Après tout Charlotte fait bander tous les mêles
qui la voient au cinéma. Charlotte embrasse des inconnus, des acteurs en l'occurrence,
ou fait des scènes de nus, a priori simulées. Dur à vivre pour un mec aussi basique
qu'Yvan. Ca dérape d'ailleurs quand Charlotte s'en va tourner à Londres, aux côtés d'une
autre star, british, John. La jalousie d'Yvan se décuple.
Analyse-critique
"La secte du septième art" comme se
plaît à dire Yvan Attal se fait ausculter dans cette comédie romantique réalisée et actée
par ce dernier. Il examine avec humour les rouages cinématographiques en utilisant la
thématique de la jalousie. Pour confondre et fondre le spectateur, Attal exploite un
style cinématographique appelé "cinéma vérité". Cette façon de faire élaborée par le
cinéaste russe Dziga Vertov en 1919, donne l'impression au récepteur d'assister, tel un
voyeur, au récit proposé par l'auteur. Pour y parvenir complètement, Yvan Attal omet
d'utiliser la caméra à l'épaule afin de donner à son premier film plus de justesse et de
rigueur. De cette façon le spectateur se serait infiltré davantage dans le récit.
Toutefois, l'idée du réalisateur s'avère quand même intéressante,
savoureuse voire même enivrante. Car ma femme est une actrice repose essentiellement
sur la frontière de la vérité et du mensonge. Par ce jeu subtil du vrai et du faux le
spectateur ludique évalue avec un plaisir non dissimulé les paramètres entre la fiction
proposée par le réalisateur et la réalité vécue par le couple Attal et Gainsbourg.
La photographie de Rémy Chevrin parvient à susciter un
environnement cohérent. Les scènes de nuits, d'une approche esthétique extrêmement
soignée, ajoute une justesse à l'iconicité et apporte à l'image sa spécificité et son
autonomie. La musique juxtaposée aux autres éléments cinématographiques apporte une
fonction psychologique d'une grande importance, créant un des chocs affectifs exaltant
l'émotivité. "Nous ne venons pas au cinéma pour entendre de la musique. Nous demandons
à celle-ci d'approfondir en nous une impression visuelle. Nous ne lui demandons pas de
nous "expliquer" les images, mais de leur ajouter une résonance de nature spécifiquement
dissemblance." (Maurice Joubert, La musique de film, page 49.)
Une deuxième thématique se trouve disséqué par Yvan Attal,
un micro circuit, une interrogation : Celle de la nudité. Par l'intermédiaire de son
héroïne, Charlotte Gainsbourg, l'auteur amène son point de vu. Il se questionne sur la
nécessité d'exhiber, dans certaines scènes, le corps dénudés des actrices, son actrice,
sa femme. Le passage le plus éloquent reste sans aucun doute celui où Yvan, l'acteur
principal, se retrouve dans une salle de cinéma. Entouré de cinéphiles il regarde, tout
comme eux, le dernier film de son épouse. Pendant une séquence torride où Charlotte simule
un orgasme avec un autre protagoniste, Yvan, intimidé par le fait que tant de personne
assiste avec lui à cette scène intime examine la réaction des spectateurs. Embarrassé,
il s'enfonce dans son banc. La gène s'empare de lui. Autant de monstration de la part
de son épouse le perturbe. Il tente de décortiquer le vrai du faux. Delà s'instaure ce
double diégétique, ce processus entre l'histoire regardé par Yvan, la Charlotte diégétique
et Gainsbourg, la Charlotte Gainsbourg actant le personnage, le double, l'inconscient
fictionnel. Cette scène démontre la subtilité du récit et surtout la réflexion que le
réalisateur apporte à sa motivation thématique.
Et finalement, peut-être que ma femme est une actrice
vise en bout de piste à exorciser le trouble, le vertige de l'acteur face à la barrière
quelques fois mince qui sépare le vrai du faux et la fiction du réel. Avec les dialogues
inspirés et inspirant d'Yvan Attal, la musique envoûtante de Brad Mehlaud et le montage
créatif de Jennifer Augé qui provoque l'émotion, cette effet à la fois drôle et tragique
du récit, le premier long métrage de ce comédien devenu réalisateur apporte une multitude
de question sur cette fabuleuse machine de l'imaginaire qu'est cinéma.
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