Michael Mann demeure incontestablement un virtuose du drame policier. Il maitrise avec une aisance déconcertante les rouages cinématographiques afin de permettre aux spectateurs de s'immiscer dans un récit où l'action et les dialogues font partie intégrante de l'histoire racontée. Il donne au scénario toute son importance par l'apport de certaines images d'un esthétisme enveloppant. Il suffit de se référer aux scènes nocturnes. Elles témoignent d'un lyrisme incontestable. Accentué d'une intrigue rigoureuse qu'il paufine, Michael Mann incorpore dans les trames filmiques des scènes d'action au montage serré afin d'octroyer aux plans séquences un rythme endiablé, fougeux, tendu et saisissant.

   Mais au delà de ces ingrédients filmiques, le réalisateur parvient à susciter de la part du spectateur une seconde tension: celle de voir dans un même cadre les deux vedettes les plus adulés d'Hollywood Robert de Niro et Al Pacino. Mais la rencontre de ces deux monstres sacrés du cinéma américain s'effectue qu'au milieu du film, c'est-à-dire 85 minutes après le début de ce drame policier. Mais afin de maintenir le spectateur en haleine, Michael Mann expose les vedettes en champ / contrechamp mais jamais face à face dans le même espace. Par cette technique, il augmente la fébrilité du récepteur.

   Par les cadrages judicieux, l'éclairage à propos, la mise en scène dynamique, la musique enveloppante signé Tangerine Dream et les dialogues signifiants de Michael Mann, Tension se distingue fortement des oeuvres cinématographiques du genre. Le réalisateur parvient avec son discernement, sa lucidité, sa perception et sa finesse à mettre en place une histoire autonome, crédible et d'une grande efficacité.