Too Much Flesh

 

 


Français - 1999 - 98 min. -
Réalisation :    Jean-Marc Barr
Scénario:
   Jean-Marc Barr, Pascal Arnold
Avec :
   Jean-Marc Barr, Rosanna Arquette, Élodie Bouchez, Ian Brennan, Ian Vogt, Hutton Cobb.
Du même réalisateur :
   Lovers (1999), Being Light (2001).
 
 

Synopsis

     Deuxième film de la trilogie sur la liberté, TOO MUCH FLESH se déroule dans une petite ville de l'Illinois. C'est là que vit Lyle, un naïf qu'on manipule un peu comme une girouette en lui faisant épouser Amy, à jamais traumatisée par la mort accidentelle de son ancien amant. Amy se refuse à Lyle à qui elle a toujours fait croire à une anormalité sexuelle chez lui qui ne pourrait que la blesser dans certains moments d'intimité. C'est pourquoi, au cours de toutes ces années, Lyle s'est fait une fausse idée de la vie, se raccrochant par-dessus tout à son travail et à ses cochons. Il découvrira une sexualité inconnue, sa première, en compagnie de Juliette, la petite amie française de son camarade d'enfance Vernon. Bien entendu, cette relation traumatise Amy et fera souffler un vent de scandale dans le petit village. Lyle aura beau dire à Amy qu'il l'aime toujours autant, que sa relation avec Juliette n'est que sexuelle, rien n'y fera. Les fermiers aux principes obtus décideront de se mettre de la partie...
 

Analyse-critique

      Lovers, ce premier film extrait d'une trilogie réalisé et filmé par Jean-Marc Barr révèle des images fabuleuses. Avec une caméra à l'épaule qui capte des textures, des couleurs, des formes et des corrélations visuelles étonnantes le cinéaste trouble et se démarque.

     Lyle, héros d'un drame au titre évocateur, Too Much Flesh, se réalise, dans le cadre de la trilogie, sur la liberté par Jean-Marc Barr. Il s'inscrit parmi le plus maîtrisé par son symbolisme esthétique et narratif. Cette œuvre phare exploite dès la première séquence cette recherche et cette quête vers l'exilent.

     Comme s'il tentait d'atteindre l'inaccessible. La première séquence montre Lyle, enfermé dans l'espace filmique, le cadre, le phonogramme pour exorciser la manipulation que sa femme exerce auprès de lui. Il tente, tant bien que mal, de sortir du champ iconique pour atteindre le hors-champ comme si le bonheur se trouvait ailleurs dans un autre espace.

     Cette pierre angulaire, ce premier plan séquence quasi ésotérique prend tout son sens dans la première partie du récit. Par la suite, le comportement de Lyle devient, pour l'instance spectatorielle compréhensible et par le fait même moins déviant. Mais pour les citoyens de ce petit village de Illinois il en demeure tout autrement et delà réside l'intérêt. Il n'y a probablement pas meilleure façon pour Jean-Marc Barr de s'approprier la sympathie du cinéphile malgré les conflits éthiques et moraux que ce genre de film suscite.

     Par l'effet d'un montage où le son importe autant que l'image, le bord de champ plus que le centre, Too Much Flesh devient presque abstraitement l'exploitation simultané de l'intérieur des corps et des discours. Le cinéaste octroie à cette image une renaissance, un passage de la fiction cinématographique vers une écriture picturale où la liberté de l'imaginaire se laisse envahir, hantée. De même ces images semblent se heurter l'une contre l'autre pour créer l'urgence, l'inévitable conflit subjectif vécu par Lyle. La force de cet esthétisme, son effet brutal sur la surface écranique réside dans cette investigation de l'être sur son premier ennemi: Lui-même.

     La couleur jaunâtre donne au film une métaphore, un lien direct entre le vieillissement archaïque des images et les mœurs moyenâgeuses des villageois. Il offre un codage qui tout au long du récit s'élucide, s'éclaircit, se dépouille de son mystère pour atteindre l'inaccessible : la mort. Et cette mort entraîne par la force des choses la finalité du récit filmique.

     Filmer l'inaccessible amour, Jean-Marc Barr y parvient avec intelligence et simplicité. Il met de l'avant une technique cinématographique signifiant pour montrer et parler d'un sujet tout aussi fondamental de la vie: L'amour. La conjonction de l'image et de la narration fait naître et mourir des relations charnelles et amoureux, tel est le fond secret du film Too Much Flesh.



   


Avec l'aimable collaboration du Festival International du Film de Québec.



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