Too Much Flesh
Synopsis
Deuxième film de la trilogie sur la liberté,
TOO MUCH FLESH se déroule dans une petite ville de l'Illinois. C'est là que vit Lyle,
un naïf qu'on manipule un peu comme une girouette en lui faisant épouser Amy, à jamais
traumatisée par la mort accidentelle de son ancien amant. Amy se refuse à Lyle à qui elle
a toujours fait croire à une anormalité sexuelle chez lui qui ne pourrait que la blesser
dans certains moments d'intimité. C'est pourquoi, au cours de toutes ces années, Lyle s'est
fait une fausse idée de la vie, se raccrochant par-dessus tout à son travail et à ses cochons.
Il découvrira une sexualité inconnue, sa première, en compagnie de Juliette, la petite amie
française de son camarade d'enfance Vernon. Bien entendu, cette relation traumatise Amy et
fera souffler un vent de scandale dans le petit village. Lyle aura beau dire à Amy qu'il
l'aime toujours autant, que sa relation avec Juliette n'est que sexuelle, rien n'y fera.
Les fermiers aux principes obtus décideront de se mettre de la partie...
Analyse-critique
Lovers, ce premier film extrait d'une trilogie
réalisé et filmé par Jean-Marc Barr révèle des images fabuleuses. Avec une caméra
à l'épaule qui capte des textures, des couleurs, des formes et des corrélations visuelles
étonnantes le cinéaste trouble et se démarque.
Lyle, héros d'un drame au titre évocateur, Too Much Flesh,
se réalise, dans le cadre de la trilogie, sur la liberté par Jean-Marc Barr. Il s'inscrit parmi
le plus maîtrisé par son symbolisme esthétique et narratif. Cette œuvre phare exploite
dès la première séquence cette recherche et cette quête vers l'exilent.
Comme s'il tentait d'atteindre l'inaccessible. La première
séquence montre Lyle, enfermé dans l'espace filmique, le cadre, le phonogramme pour exorciser
la manipulation que sa femme exerce auprès de lui. Il tente, tant bien que mal, de sortir
du champ iconique pour atteindre le hors-champ comme si le bonheur se trouvait ailleurs dans
un autre espace.
Cette pierre angulaire, ce premier plan séquence quasi ésotérique
prend tout son sens dans la première partie du récit. Par la suite, le comportement de Lyle
devient, pour l'instance spectatorielle compréhensible et par le fait même moins déviant.
Mais pour les citoyens de ce petit village de Illinois il en demeure tout autrement et delà
réside l'intérêt. Il n'y a probablement pas meilleure façon pour Jean-Marc Barr de
s'approprier la sympathie du cinéphile malgré les conflits éthiques et moraux que ce genre
de film suscite.
Par l'effet d'un montage où le son importe autant que l'image,
le bord de champ plus que le centre, Too Much Flesh devient presque abstraitement
l'exploitation simultané de l'intérieur des corps et des discours. Le cinéaste octroie
à cette image une renaissance, un passage de la fiction cinématographique vers une écriture
picturale où la liberté de l'imaginaire se laisse envahir, hantée. De même ces images
semblent se heurter l'une contre l'autre pour créer l'urgence, l'inévitable conflit subjectif
vécu par Lyle. La force de cet esthétisme, son effet brutal sur la surface écranique réside
dans cette investigation de l'être sur son premier ennemi: Lui-même.
La couleur jaunâtre donne au film une métaphore, un lien direct
entre le vieillissement archaïque des images et les mœurs moyenâgeuses des villageois.
Il offre un codage qui tout au long du récit s'élucide, s'éclaircit, se dépouille de son
mystère pour atteindre l'inaccessible : la mort. Et cette mort entraîne par la force des
choses la finalité du récit filmique.
Filmer l'inaccessible amour, Jean-Marc Barr y parvient avec
intelligence et simplicité. Il met de l'avant une technique cinématographique signifiant
pour montrer et parler d'un sujet tout aussi fondamental de la vie: L'amour. La
conjonction de l'image et de la narration fait naître et mourir des relations charnelles
et amoureux, tel est le fond secret du film Too Much Flesh.
Avec l'aimable collaboration du Festival International du Film de Québec.
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